Le rôle de l’armée et le programme des marxistes

Depuis l’apparition de la propriété privée, il a fallu aux classes dominantes et possédantes une force armée pour la protéger et maintenir leur domination sur les esclaves ou les classes exploitées. Avec l’apparition des États-nations, les armées ont servi aux pays impérialistes à coloniser et faire la guerre pour les ressources. Elles ont aussi été l’arme des bourgeoisies nationales pour réprimer les révolutions de la classe ouvrière ou orchestrer des coups d’état lorsque les élections portaient au pouvoir des personnalités « trop » révolutionnaires.

L’armée et la stratégie révolutionnaire

Trotsky en compagnie de soldats de l’Armée Rouge, 1921

Mais ce n’est pas si simple. L’armée n’est pas un corps homogène. Pendant longtemps, elles ont été des armées de masse faites d’ouvriers et de paysans, avec à leur tête une hiérarchie majoritairement issue des classes dominantes. C’est toujours le cas, même si les armées dans les pays impérialistes sont devenues davantage des armées professionnelles, moins nombreuses en taille, et que la répression politique a été laissée en général à des polices. Lorsque se présentent des situations révolutionnaires, les soldats doivent choisir de défendre le régime ou de prendre part à la révolution aux côtés de leurs frères et sœurs ouvriers. L’exemple du Portugal en 1974 le prouve. La stratégie des révolutionnaires est d’organiser dans l’armée les soldats de la classe qui veulent renverser le capitalisme.

Plus de stabilité avec des régimes militaires ?

Depuis 2020, le Mali, Le Burkina, le Niger puis le Gabon ont connu des coups d’état militaires. Ils ont été soutenus par la population, par haine de l’État néocolonial français et car ils ont permis le départ de dictateurs. Mais l’armée a souvent replacé des proches des anciens régimes. Et des alliances sont en cours avec d’autres pays impérialistes comme la Russie. Les travailleur-ses et la population pauvre n’ont rien à y gagner et la colère va reprendre le dessus.

Dans d’autres pays comme au Soudan, un régime militaire a pu naître de la révolution commencée en 2018, qui n’a pas été jusqu’au bout faute d’un programme socialiste clair. Depuis un an maintenant, le pays est soumis à des atrocités dues aux affrontements ethniques de différentes factions de l’armée. En Égypte, également après la révolution de 2011 contre Moubarak, en 2013, un coup d’état a dégagé Morsi et les Frères musulmans. Depuis, un régime militaire de plus en plus autoritaire s’est installé, sans améliorer les conditions de vie de la population ni donner plus de liberté et de droits.

Une armée des travailleurs pour défendre le socialisme

Les travailleurs ne doivent pas confier leur destin à l’armée. Ils doivent s’organiser eux-mêmes, dans des comités de défense démocratiques, pour assurer leur sécurité au quotidien contre les gangs ou la répression politique des gouvernements. La seule armée qui vaille est celle constituée de travailleur-ses avec des représentants élus. Elle permettra de protéger un État socialiste après la prise du pouvoir face à des belligérants capitalistes, comme a pu le faire l’armée rouge fondée par Trotsky en 1917.

Par Matthias, article paru dans l’Égalité n°221