« Mesures Villepin », pour l’intérêt de toutes les classes sociales ?

Le premier ministre, il y a quelques semaines nous a annoncé une série de mesures pour « l’égalité des chances » comportant essentiellement deux volets : éducation et travail. Lorsque l’on regardait de façon globale cette batterie de mesures, la politique de classe est, on ne peut plus évidente.

En effet, dans le volet éducation, a été lancé « le contrat de responsabilité parentale ». Contrat « proposé » par un travailleur social en liaison avec le chef d’établissement et le maire pour un « accompagnement personnalisé de l’enfant et de ses parents ». Sinon suspension des allocs gérée par le conseil général. Ceci accompagné du renforcement des PPRE (loi Fillon) ou Plan Personnalisé de Réussite Educative. Selon ce monsieur, la révolte des quartiers serait en grande partie de la responsabilité des parents et serait avant tout une forme de délinquance juvénile.

Une fois de plus les familles sont rendues responsables et la société capitaliste est totalement dédouanée (horaires et conditions de travail, précarité…).

En contrepartie, le prétendu renforcement des ZEP, relève du blabla total avec uniquement des transferts de moyens d’un établissement perdant son statut à un autre. Mais il est vrai que l’on trouve peu de ZEP avec des enfants de membres du MEDEF ou de l’UMP. De même, peut-on croire que la bourgeoisie soit concernée personnellement par l’éjection de jeunes dès quatorze ans en apprentissage ? Ce serait le remède aux difficultés scolaires, en particulier les difficultés de lecture ! Mais ce sont bien les enfants des travailleurs qui vont y être placés. Cela permet au gouvernement de faire encore des  » économies  » de budget mais il ne faut pas oublier que de nombreux travailleurs vont partir en retraite dans les années à venir (700000 rien que cette année) et les capitalistes sont toujours à la recherche d’une main d’œuvre soumise au maximum d’où leurs espoirs dans l’apprentissage. Et ce ne sont pas quelques bourses au mérite qui changeront la condition des enfants de la classe ouvrière.

La bourgeoisie a soin de ses intérêts et Villepin ne l’oublie pas. Il a ainsi créé le mécénat d’entreprise. C’est en fait une politique de renforcement des ZFU (Zones Franches Urbaines) où cette fois-ci les grosses entreprises investissant dans les PME des zones pourront déduire 50% des sommes de leurs impôts en plus des dégrèvements de taxes.

Faut-il rappeler que ces zones franches sont avant tout un moyen pour le patronat de réduire ces « charges » à bon compte et ont souvent provoqué des délocalisations en France comme le montre l’exemple de Valenciennes qui a aspiré les entreprises de villes comme Denain.

Mais aussi nous avons le « CTP », type de contrat de reclassement où le travailleur licencié serait rémunéré par les ASSEDIC, l’Etat et son nouvel employeur en bénéficiant d’un droit à la formation. La nouvelle boîte n’aurait qu’à payer un différentiel et pourrait se goinfrer allègrement en faisant travailler son nouveau salarié pour quasiment rien.

Ces quelques exemples montrent bien que la bourgeoisie n’oublie jamais ses intérêts de classe et sait les défendre avec ses organisations (partis et syndicats patronaux). Mais elle est d’autant plus offensive que les travailleurs sont dépourvus d’un parti de masse qui les défende. Battons-nous ensemble pour le construire !

Par Olivier Ruet, article paru dans l’Egalité n°117